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Les Biosciences en Région Centre-Val de Loire – Réseau Thématique de Recherche

Le microbiome intestinal maternel prépare celui de sa progéniture

Les micro-organismes qui colonisent les souris en gestation préparent le système immunitaire inné des nouveau-nés à vivre en harmonie avec leur flore commensale.

Comme on sait, le fœtus se développe à l’abri de toute contamination microbienne; alors qu’il y est confronté à sa naissance. Il est alors protégé par les anticorps du lait dont on sait qu’une partie est néanmoins dirigée contre le microbiome intestinal maternel ; c’est ainsi que Gomez de Agüero et al se sont demandés si la mère dès la gestation ne préparait pas l’intestin fœtal et néonatal à accepter le microbiome lors de la naissance.

Ces auteurs ont expérimenté chez des souris gestantes germ-free dont l’intestin a été colonisé transitoirement par une souche particulière d’E. Coli. Les souriceaux nouveau-nés présentent alors dans leur intestin une augmentation des cellules du système immunitaire inné, lymphoïdes innées ILC3 (plus particulièrement la sous-population NKp46+RORγt+) et de cellules mononuclées (iMNCs, F4/80+,CD11c+) qui persistent au moins jusqu’au sevrage. En revanche les lymphocytes T et B de l’immunité adaptative spécifique ne sont pas touchées.

Par ailleurs, la colonisation lors de la gestation s’accompagne également d’une expression accrue de nombreux gènes dans l’intestin du nouveau-né, impliqués dans le métabolisme, le stress oxydatif la division cellulaire et l’immunité innée. Il en va ainsi de l’augmentation de l’expression du gène RegIIIγ (codant pour une protéine qui réduit l’attachement bactérien à la surface intestinale) et du pIgR.

Les immunoglobulines IgGs de la mère facilitent le processus pour gagner le fœtus (par le sang) et le nouveau-né (par lait) sans qu’on puisse encore déterminer par quel mécanisme. Parmi les composants bactériens stimulant l’immunité innée on trouve des ligands du récepteur aux hydrocarbures aryliques (AhR), récepteur impliqué dans le développement des cellules immunitaires intestinales-clés dont font partie les ILC3.

Enfin, les souriceaux nès de mère colonisée résistent mieux à l’infection intestinale par un E. Coli virulent en empêchant son passage trans-épithélial.

Ainsi ces résultats montrent que les bactéries de l’intestin de la mère préparent l’intestin de sa progéniture à résister aux agents pathogènes et à tolérer sa flore intestinale commensale.

Ce travail ouvre la voie à la recherche de composés tel que l’inodole-3-carbinol potentiellement stimulateur de l’immunité du nouveau-né lorsqu’ il est administré chez la mère en gestation ; de même d’étendre ces propriétés aux autres populations bactériennes tégumentaires.

Gomez de Agüero, M. et al. The maternal microbiota drives early postnatal innate immune development, Sciences 351, 1296-1302 (2016).

Pendse M et Hooper LV, Mum’s microbes boost baby’s immunity. Nature 533, 42–43

Salmon H ; Colostral and lactogenic maternal immunity : humoral and cellular factors of induction and transmission to the neonate. In Milk production, Nova Science Publishers ,Inc., pp39-73, 2012

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